Ces courts voyages en lecture invitent à flâner, observer, apprendre, guidé par un passé qui a marqué les lieux et qui, bien souvent, nous concerne à travers la colonisation. Ils ont pour ambition de procurer des moments d'évasion, mais aussi d'ouvrir des portes sur le destin des peuples.

Les fleurs du mal

Elles sont posées à même le sol, au pied d’un portail, à l’entrée de la petite rue qui court entre les pavillons. Le vent a défait le bouquet. Quelques mètres plus loin, rangée sur le trottoir, la 2 CV que Jean-Luc Sebin a percuté dans sa fuite. Elle n’a plus d’avant gauche. La roue, arrachée et crevée, est posée contre l’aile tordue. Plus près, une tâche brunâtre de sang séché marque l’endroit exact où Michel Theule, motard de la gendarmerie, s’est effondré, samedi peu près 16 heures, tué d’une balle en plein cœur.

“ C’est ce matin, les obsèques ? ” demande un chauffeur de taxi qui nettoie sa voiture, chiffon en main. Il regarde les fleurs : “ Tous les matins, quelqu’un les change : hier, c’était un gendarme, ce matin une voisine.” Silence. Celui des cimetières à la Toussaint. Une fleur glisse sur la chaussée, emportée par le vent. Quelque part dans Paris, un tueur se terre.

Voyage au centre des Hautes Terres

Grand Sable : une cabane a échappé au désastre